Lait de croissance : utile ou futile ?

janvier 15, 2023
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Le lait de vache est-il plus protéiné que le lait de croissance ?

 

Le lait de vache est en effet légèrement plus protéiné que le lait de croissance. Mais la différence n’est que de 2g de protéines pour 500 ml de lait demi-écrémé consommé, ce qui est insignifiant. L’intérêt du lait de croissance ne repose donc pas sur son faible apport protéique.

 

Le lait de vache est-il moins riche en fer ?

 

En ce qui concerne l’apport en fer, il est incontestable que le lait de vache (0.25 mg de fer pour 500 mL) en contient bien moins que le lait de croissance (5 g de fer pour 500 mL). Mais les bébés de plus de 12 mois ont également des apports alimentaires en parallèle du lait qu’ils consomment : ainsi, si leur alimentation est équilibrée, l’apport en fer journalier atteint quasiment les ANC ( apports nutritionnels conseillés) en cas de consommation de lait de vache.

 

Par contre l’utilisation de lait de croissance provoque un apport en fer bien supérieur aux ANC ( et donc non nécessaire, voir même délétère, aucune étude fiable n’ayant été réalisée sur les éventuels effets secondaires d’un apport excessif en fer alimentaire). La nécessité de couvrir les besoins en fer des bébés n’est donc pas un argument permettant d’expliquer l’intérêt du lait de croissance.

 

Le lait de vache est-il moins riche en vitamine D ?

 

Pour ce qui est de la vitamine D, le lait de vache en est quasiment exempt, tandis que le lait de croissance en apporte une quantité remarquable (5.5 µg pour 500 mL).

 

Mais à quoi cela sert-il, puisque nous supplémentons nos bambins jusqu’à l’âge de 18-24 mois en vitamine D ?! Encore une fois, le risque de carence en vitamine D ne représente pas un argument justifiant de donner du lait de croissance aux bébés de 1 à 3 ans.

 

Et concernant l’apport en lipides (= graisses), qu’en est-il ?

 

Les laboratoires commercialisant du lait de croissance ne se privent pas pour mettre en avant l’apport en acides gras essentiels de leur lait. La proportion d’AGP ( acides gras polyinsaturés, dont les oméga 3 et 6, dont la consommation est conseillée) est pourtant plus importante dans le lait de vache ! 

 

La faute peut être à la présence d’huile de palme dans le lait de croissance (très riche en graisses saturées) ?

 

Je terminerai par la liste des ingrédients constituants le lait infantile. Celle-ci est extrêmement longue, pas moins d’une vingtaine d’ingrédients !

 

Le lait de vache quant à lui ne contient… que du lait de vache.

 

Pour conclure, l’utilisation de lait de croissance se justifie uniquement chez les enfants de 1 à 3 ans qui ne mangent absolument pas équilibrés, et pour qui le risque de carence en fer, vitamine D est donc avéré. Le lait de croissance peut alors servir de « filet de sauvetage ».

 

Pour les autres – et beaucoup d’enfants sont concernés – la consommation de lait de vache est toute aussi appropriée (et coûte 30% moins cher).

 

Nous pouvons féliciter les professionnels du marketing, qui ont réussi un coup de maître en rendant le lait de croissance indispensable aux yeux de tous les pédiatres et parents d’enfants.

 

Cette analyse ne doit pas remplacer la consultation auprès d’un praticien, qui lui seul peut évaluer l’équilibre alimentaire de votre enfant et ses besoins nutritionnels

 

Ce document concerne exclusivement le lait de croissance, destiné aux enfants de 1 à 3 ans. Les laits infantiles destinés aux nourrissons de 0-1 an sont quant à eux plus appropriés que le lait de vache. Rappelons toutefois que le lait maternel reste l’aliment idéal pour le nourrisson (allaitement exclusif jusqu’à 6 mois recommandé / l’OMS, et plus si la mère et l’enfant le souhaitent)

 

Pour aller plus loin, je vous recommande :

 

le site du PNNS, ainsi que leur excellent guide sur l’alimentation des enfants ( et tous les autres guides également)

 

le site du CERIN ( Centre d’Étude et de Recherche sur l’Information Nutritionnelle), qui peut répondre à nombreuses de vos questions.

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